Vous savez maintenant, comment je l’ai eu, mais !Il a bien fallu que je vive avec. Ce n’était pas si simple que ça, car en Allemagne, à l’époque, cela faisait assez exotique.

Aujourd’hui, bien sur, on en a l’habitude, mais dans la génération des Inge, Heide, et Monika, on était bien obligé de chercher un « pense-bête » phonétique. Quoi de mieux que « côtelette » ?

J’en étais très fâchée ! Cette moquerie commença à la maternelle, continua à l’école, et ne s’améliora que pendant mes études universitaires. Enfin, j’ai survécu, comme vous voyez, et ce prénom a même fini par être un avantage. Pourquoi ? C’est simple : j’ai épousé un Français ! Mais cela est, bien sur, une autre histoire, ou plutôt, un roman-feuilleton. A suivre…

Parfois, je me demande, si, par ce prénom, on ne m’a pas quasiment inoculé une espèce de virus français. Peut-être les histoires de la France que Maman racontait, ont-elles contribué à l’infection ? Je n’en sais rien, mais, déjà à l’école primaire, j’écrivais de petits mots français dans les albums-souvenir des copines. Des expressions tellement mal comprises que notre instituteur, Monsieur Oskar Platz, a dû me corriger plus d’une fois. Ah, Monsieur Platz , quel maître ! Un de ceux qu’on aurait voulu gardé jusqu’à la fin des études. De toute façon, j’ai eu beaucoup de chance avec mes profs, mais ceci, vous le devinerez, est une autre histoire…

Après le décès de Maman (Elfriede), en 1983, nous avons d’abord fouillé tous les cartons à chaussures qui constituaient ses archives. Nous n’avons, heureusement, pas tout classé, sinon je ne pourrais pas faire aujourd’hui, après plus de 23 ans, des découvertes inespérées. Mais nous avons trouvé une enveloppe minuscule, contenant deux cartes de visite. L’une au nom d’Emile L., l’autre au nom de Colette ; sur les deux, la même adresse à Rennes. Devinez ce qui arriva ?

Rien du tout ! J’ai écrit Ille-et-Vilaine sur l’enveloppe, et elle est retourne dans la boîte à biscuits, où nous l’avions trouvée, sous de vieilles photos. Maman était morte, à quoi bon de faire de nouvelles recherches ? J’habitais en Alsace, à l’époque, avec mon mari et les enfants, la Bretagne semblait bien plus loin qu’aujourd’hui, et Colette, malgré les cartes de visites était plus une légende qu’une vraie personne. Et puis : était-elle toujours vivante ? Elfriede avait toujours pensé le contraire…

En 1985, Thierry fut muté à La Réunion, pour deux ans. C’était encore un peu plus loin. De 1987 à 92, nous habitions Marseille, ou Thierry acheta son premier ordinateur. Il y était tous les jours, bientôt, il en eut un au bureau. En 1992, nous sommes venus habiter en région parisienne, en 94, j’ai recommencé à travailler comme prof. A partir de 97/98, j’ai dû écrire mes contrôles et autres papiers sur Word, parce que mes élèves prétendaient qu’il n’arrivaient pas à lire mes « r » et « z » allemands ! Hm !!

Puis Internet est arrivé, et Thierry devint un surfer assidu. Je trouvais la chose assez pratique, tant qu’on ne me demandait pas de surfer moi-même…

En 2001, Papa est mort, en 2003, nous avons vidé son appartement. Tous les classeurs, cartons à chaussures, et, bien sur, la fameuse boîte à biscuits intégraient nos placards et étagères.

Ils y restèrent, quasiment intouchés, jusqu’au printemps 2006. A ce moment-là , nous commençâmes à préparer la visite de mes cousines Hannelotte et Inge, que je n’avais pas vu depuis 12 ans, la première, et depuis 42, la seconde. Cette visite avait été déclenchée par le souhait de la fille de Inge, d’améliorer son français avant le bac. Elle n’avait pas plus entendu parler de nous, que nous d’elle, ce qui nous a fait étudier de près, les liens familiaux. Il fallait bien qu’on lui explique, pourquoi la photo de sa trisaïeule se trouvait dans un cadre, dans notre chambre d’amis !

Vous l’aurez deviné : ce fut le début de notre intoxication généalogique. Sur Internet, nous avons trouvé les Mormons, et leurs millions de dates sur les ancêtres de tout le monde, parmi lesquels aussi quelques uns des nôtres. Et nous avons découvert Généanet, et ses arbres généalogiques en ligne. Maman en avait écrit un, à la main, pour moi, Thierry n’en avait pas.

(Entre-temps il m’a doublée, en trouvant des centaines d’ancêtres sur Internet, mais ceci…et cetera, et cetera…)

 J’avais recopié et augmenté mon arbre, sur papier millimétré, en 1968, et j’avais, maintenant, les mémoires de Papa : 200 pages, écrites à la main, en format A5 aux petits carreaus. Il les avait commencé en 1982, mais abandonné après la mort de Maman, et je ne les ai lus qu’en septembre 2006

Elles m’ont donné l’idée d’écrire ces histoires que vous découvrirez à fur et à mesure sur notre site. Mais le déclencheur pour le deuxième chapitre de l’histoire sur le « prénom de Colette », étaient les deux fameuses cartes de visite que j’ai également retrouvées en septembre.

Connaissant alors le nom de famille de ma « marraine », nous avons découvert, grâce à beaucoup de chance, Geneanet et la persévérance de Thierry, un arbre de cette famille, montrant le père et la fille, et le reste de la parentèle.

le contact e-mail sur Geneanet ne fonctionnait pas, mais il y avait un nom et un prénom en toutes lettres. Je l’ai cherche dans le bottin, à Rennes : rien. Dans l’Ille-et-Vilaine, il existait trois fois, alors j’ai commence par un, au hasard. Il n’était pas chez lui. Mais le deuxième était là, et c’était le bon ! Il était très gentil, il a confirmé toutes nos suppositions, c’était merveilleux !!

Mais le désenchantement nous attend : Colette n’est plus parmi les vivants ! Non, il ne sait pas, quand elle est morte, depuis pas mal d’années déjà. Il n’est qu’un cousin par alliance, assez lointain. Mais dans huit jours, il ira à une cousinade (une rencontre familiale pour les non-initiés), où il passera le message à un cousin germain de Colette, le dernier encore en vie. En attendant, il nous enverra une photo de la famille. Il tient parole. La photo est ancienne, elle montre Emile en jeune célibataire, avec ses frères et leurs femmes, autour de leur mère, une redoutable matriarche avec un bonnet en dentelle. Nous attendons. Dix jours plus tard, un coup de fil, en ligne : la sœur de Colette !

Après 62 ans la quête d’Elfriede touche à son but. Les liens rompus sont renoués, nous n’arrivons pas à y croire ! Ce samedi-là, nous avons parlé longuement, depuis, nous avons échangé des photos. Pour la première fois, j’ai vu Colette, et sa sœur a vu Elfriede.

Mais ce qu’elle m’a raconté ce jour la, et les autres surprises que les semaines suivantes nous ont réservées, feront l’objet d’un troisième chapitre. Je veux juste vous dévoiler une chose : nous ne croyons plus vraiment au pur hasard…

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